Pendant longtemps, l’enfant n’a pas été considéré comme un individu à part entière, mais plutôt comme un adulte en devenir. Au cours des XIXe et XXe siècles, l’intérêt de l’enfant a été progressivement pris en compte et nous sommes maintenant de plus en plus familiers avec la notion de l’importance des premières années.
Le développement de l’enfant, une notion récente
Alors qu’on confiait autrefois son enfant à une nourrice, c’est l’assistante maternelle qui a pris le relais depuis 1977. Il s’agit là d’une parfaite illustration de la prise de conscience du rôle primordial que jouent les premières années dans le développement de l’enfant. Il ne s’agit plus seulement de le nourrir et de le garder, mais d’assister les parents dans leur rôle éducatif. Les expressions « Tout se joue avant 3 ans », ou « Tout se joue avant 6 ans » ont été populaires dans les années 1970-2000. Plus récemment, celle, plus précise, des « 1 000 premiers jours de l’enfant » a fait un bond en avant avec la création de la Commission d’Experts des 1 000 premiers jours de la vie de l’enfant.
Qu’entend-on par « 1000 jours » ?
Au cours des différentes études sur le développement de l’enfant, il est apparu que la période qui va du début de la grossesse à l’entrée en maternelle de l’enfant jouait un rôle primordial dans sa construction future. On peut diviser ces 1 000 jours en trois parties : le temps de la grossesse, la période avant la marche et le temps de l’exploration, qui va jusqu’à l’entrée en maternelle.
Qui participe à la commission des 1000 jours ?
La commission d’experts a été installée par le Président de la République le 19 septembre 2019. Elle est présidée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik et comprend 18 experts couvrant les spécialités concernées.
Boris Cyrulnik
Convaincu du rôle fondateur de l’environnement dans lequel évolue l’enfant, il est le créateur de l’Association Boris Cyrulnik pour la Petite Enfance. Celle-ci a pour but de sensibiliser et former le public et les professionnels aux enjeux de la petite enfance.
Les experts
Les vice-présidentes Alexandra BENACHI et Isabelle FILLIOZAT sont respectivement gynécologue- obstétricienne et psychothérapeute. Les autres membres de la commission sont pédopsychiatre, psychanalyste, juriste, éducatrice de jeunes enfants, sage-femme, pédiatre, pédopsychiatre, néonatalogue, médecin ou professeur en sciences de l’enfant. Ils exercent à Paris ou en province, mais également au Canada, en Norvège et en Suisse.
Quelles sont les missions de la Commission des 1 000 jours ?
La mission principale de cette commission est d’unifier le discours de santé publique et de proposer des solutions concrètes pour donner les meilleures chances aux enfants. Ses travaux se sont portés sur 5 axes, développés ci-après.
Mieux accompagner les parents pendant la période clé des 1 000 jours
Cela commence avec l’information donnée lors de l’entretien prénatal, puis lors du séjour à la maternité et continue avec un soutien après le retour à domicile. Une plateforme d’information et une application ont été mises en place pour que les parents bénéficient de conseils sur les comportements à adopter, pendant et après la grossesse. Cela porte notamment sur :
- l’alimentation, l’activité physique, l’alcool, le tabac ;
- la sécurisation de l’environnement ;
- les professionnels de santé et de vie sociale avec lesquels entrer en contact.
Prendre en compte les besoins spécifiques des parents
Il s’agit essentiellement des parents souffrant de handicap ou de détresse psychologique. Des actions sont mises en place pour les entourer, avec des moyens spécifiques, pendant la période prénatale et jusqu’à la majorité de l’enfant.
Faciliter l’information des parents et futurs parents
Proposer des informations simples, faciles à comprendre et parfaitement sûres. Les parents pourront se référer au site 1000-premiers-jours.fr de Santé Publique France, ainsi qu’au livret, disponible en téléchargement et envoyé par la CAF dès la déclaration de grossesse.
Inciter les parents à prendre du temps pour bâtir leur relation avec l’enfant
Une mission a été confiée à des professionnels pour étudier comment harmoniser temps professionnel et temps familial. Dans un premier temps, le congé de paternité et d’accueil de l’enfant a été porté à 28 jours, dont 7 obligatoires.
Continuer à améliorer la qualité des modes d’accueil du jeune enfant
Un premier pas a été fait avec la création des Relais Petite Enfance, qui permettent aux assistants maternels d’être mieux formés et informés.
Quelles sont les retombées pour les assistantes maternelles ?
L’un des principes de l’opération « les 1000 premiers jours de l’enfant » est d’apporter de la cohérence dans les actions publiques. Les propositions faites par la commission sont étudiées au niveau national et les actions sont les mêmes sur tout le territoire. Il est rapidement apparu nécessaire de bâtir une campagne de formation à destination des 600 000 professionnels de la petite enfance. C’est le but du projet « Ambition Enfance-Égalité », qui vise à leur proposer de mettre leurs pratiques à jour, afin de prendre en compte les avancées des connaissances scientifiques en matière de développement de l’enfant. Il s’agit notamment de lutter contre les inégalités sociales, en donnant à chaque enfant les mêmes chances.
Accès facilité à de nombreuses formations qualifiantes
Ce plan de formation est articulé autour de 7 thématiques. Les assistantes maternelles, gardes d’enfants, employés de crèche pourront ainsi renforcer leurs connaissances sur :
- le langage ;
- l’alimentation et la nature ;
- l’art et la culture ;
- l’accueil occasionnel ;
- la prévention des stéréotypes ;
- l’accueil des parents ;
- le numérique.
28 modules de formation ont été retenus, dans des domaines aussi variés que la communication, l’accompagnement des enfants en difficulté ou souffrant de handicap, l’éveil musical et artistique, l’interculturalité, la sensibilisation à l’environnement… Modalités pratiques Le plan de formation prend également en compte la nécessité d’organiser l’accueil des enfants pendant le temps de formation de sa nounou. Des mesures ont été prises pour autoriser un accueil supplémentaire chez la remplaçante. Le conseil départemental pourra déroger temporairement à la capacité d’accueil maximale pour ce besoin spécifique.
Mesures supplémentaires pour l’accueil des enfants différents
Afin que l’assistant maternel puisse pleinement assurer son rôle auprès d’un enfant handicapé ou atteint de maladie chronique, il est maintenant autorisé à administrer des soins et donner des traitements, sur prescription médicale, si les parents le demandent.
Accès à la médecine du travail
À partir du 31 mars 2022, les assistants maternels et salariés du particulier employeur auront accès à la Médecine du Travail. Les modalités de mise en œuvre de ce nouveau droit seront gérées par la branche professionnelle. Les particuliers employeurs adhéreront à un service de prévention et de santé au travail. Outre le suivi médical des employés, cette nouvelle disposition va permettre d’accentuer la prévention des risques professionnels. Vous souhaitez vous intégrer pleinement dans la démarche des 1 000 premiers jours de l’enfant ?
